Peugeot débarque son patron, Christian Streiff

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

PSA a mis fin dimanche aux fonctions de son président du directoire, Christian Streiff, dans l’espoir de redonner confiance à ses équipes et aux marchés financiers alors que le constructeur automobile doit faire face à une crise violente et susceptible de durer.

Le conseil de surveillance a annoncé la nomination de Philippe Varin, ancien directeur général du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus, au poste de président du directoire à compter du 1er juin 2009. Dans l’intervalle, Roland Vardanega, directeur technique et industriel, assurera l’intérim.

Dans un communiqué, PSA précise que Philippe Varin "prendra connaissance des équipes et des activités du groupe" à partir du 15 avril.

"Le conseil de surveillance, unanime, a jugé que les difficultés exceptionnelles qu’affronte l’industrie automobile imposaient un changement de management à la tête du groupe", déclare Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance.

"Je suis convaincu que, sous la direction de Philippe Varin, le groupe PSA Peugeot Citroën sera à même, avec l’ensemble des équipes, de révéler tout son potentiel", ajoute-t-il.

Comme ses concurrents, le deuxième constructeur automobile européen derrière Volkswagen , doit affronter la chute brutale des immatriculations de voitures neuves depuis l’été 2008. En Europe, les ventes d’automobiles ont reculé de 7,8% l’an passé, la plus forte baisse du marché depuis 15 ans.

En perte nette et opérationnelle en 2008, PSA ne prévoit pas de redevenir bénéficiaire avant courant 2010 et espère se séparer de 11.000 personnes cette année, via un mécanisme de départs volontaires.

A la Bourse de Paris, l’action PSA a plongé de près de 77% l’an dernier. Elle a repris 24% depuis le 1er janvier. En fin de soirée dimanche, Christian Streiff a fait part de son "incompréhension" devant la décision du conseil de surveillance et souligné que sa politique avait permis au groupe PSA "d’être bien armé face à la crise."

Dans une déclaration transmise par voie électronique à Reuters, il cite deux plans ayant permis "des économies, une baisse significative de stocks, la réussite du lancement de nombreux modèles, le développement international et le renforcement du leadership environnemental."

Le départ de Christian Streiff ne constitue pas une surprise. Depuis plusieurs mois, les spéculations sur son avenir s’étaient multipliées.

Plusieurs analystes se sont plaints du manque de lisibilité de la stratégie de l’équipe Streiff et dénoncé le manque de clarté des prises de parole du président du directoire.

D’autres spécialistes ont mis en avant la mauvaise relation de l’état-major avec le gouvernement alors que PSA s’est vu accorder un prêt public de trois milliards d’euros pour assurer ses besoins de financement en 2009 en contrepartie d’engagements sur l’emploi.

En interne, la société a dû notifier plusieurs départs ces dernières semaines dont celui du patron de la marque Citroën, Gilles Michel, parti diriger le Fonds stratégique d’investissement (FSI).

Jean-Luc Vergne, directeur des ressources humaines, a quitté ses fonctions début février tandis qu’Hervé Guyot, à la tête de la filiale Banque PSA Finance, a été appelé à diriger le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles.

En mai 2008, Christian Streiff avait été hospitalisé après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral. Il avait repris ses fonctions en juillet et indiqué alors être "complètement rétabli"

Philippe Varin, 56 ans, était jusqu’en janvier directeur général du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus, propriété du groupe indien Tata Steel, dont il a contribué au redressement. Auparavant, il avait occupé plusieurs responsabilités au sein du groupe Pechiney.

La décision de PSA de nommer Philippe Varin, spécialiste des restructurations, rappelle celle de Renault qui avait décidé en 2005 d’appeler Carlos Ghosn, l’artisan du sauvetage de son partenaire japonais Nissan.

Les détracteurs du choix Varin noteront toutefois que comme Christian Streiff, le nouveau président du directoire n’a pas effectué sa carrière dans le secteur automobile.

Comme son prédécesseur, il devrait avoir pour mission de poursuivre la réduction des coûts tout en maintenant les efforts de la société sur l’innovation.

Philippe Varin devra en outre trancher sur l’éventuel besoin pour PSA de participer à la consolidation attendue du secteur automobile tout en défendant les intérêts de la famille Peugeot, laquelle détient près de 45% des droits de vote du groupe.

Certains spécialistes estiment que PSA pourrait étudier un rapprochement avec l’allemand BMW, l’italien Fiat ou le japonais Mitsubishi, une fois que l’environnement financier se sera stabilisé.

 

 



Publié dans Actualités

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article