Brice Hortefeux Retraites

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

Retraites : le gouvernement va dans le mur… et klaxonne !

Tandis que la France traverse une crise économique sans précédent, Brice Hortefeux a évoqué un possible allongement de la durée légale du travail. Mais ce débat « n’engage en rien le gouvernement », a-t-il assuré.

C’est une « piste » qui fait figure de pavé dans la mare. Brice Hortefeux, Ministre du Travail, a souhaité qu’elle soit mise sur la table sans tabous, ni a priori. Il affirme que la question n’est pas encore tranchée, mais que la situation économique du pays exhorte le gouvernement à la prendre rapidement au sérieux. Si rien n’est encore acté, Nicolas Sarkozy avait fait du « travailler plus pour gagner plus » la pierre angulaire de son programme. Il avait déjà jeté les bases de cette réflexion, mais la crise l’amplifie, la relance, et pour le gouvernement, la légitime. Habile manœuvre.

« Comme on sait que si on ne fait rien on va dans le mur, il n’y pas aujourd’hui à ma connaissance trente-six solutions, il y en a trois : diminuer les pensions – est-ce que vous sentez aujourd’hui dans le pays les gens prêts à cela ? – ; augmenter la durée de cotisation ; reporter l’âge de départ à la retraite comme l’ont fait les Allemands sur une trentaine d’années jusqu’à 67 ans », a-t-il expliqué dans l’émission Dimanche soir politique sur I>Télé. Lundi matin, il précisait qu’aucune décision n’était encore prise, mais qu’un débat sera ouvert en 2010 lorsque le Conseil d’orientation des retraites rendra son rapport, courant février. Ce dernier « donnera un certain nombre d’indications, d’orientations, de suggestions », a-t-il conclu. Mais l’on a peine à croire que rien ne soit décidé, tant les ministres-godillots appliquent doctement des directives qui leur sont dictées. Comme pour l’audiovisuel public, l’avis du Président supplantera les rapports ou autres commissions.

Une réforme en signe de sacrifice

Le constat est simple : l’augmentation du chômage et le vieillissement la population creusent les déficits, le gouvernement propose donc une énième réforme. Balladur et Fillon s’y étaient déjà attelés, sans succès, l’équilibre financier n’étant jamais atteint. Et les dettes de l’Etat ne cessant de s’accumuler, dans un contexte de crise, le gouvernement et François Fillon affirment en chœur que « rien n’est tabou. » Ce recul envisagé n’est rien d’autre que le rappel des pistes dégagées par les experts, rappellent-ils, sans en souligner le caractère rétrograde. Depuis 1982, l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 60 ans. Les réformes successives n’ont jamais osé modifier ce point. Xavier Bertrand, alors Ministre du Travail, avait lancé en 2007 des pistes qui avaient permis de relever l’âge auquel un employeur pouvait mettre un salarié d’office à la retraite. Il était passé, le 1er janvier, de 65 à 70 ans. Sous le précédent quinquennat, la durée de cotisation avait déjà été portée de 40 à 41 ans… dans le privé ! Une mesure qui sera mise en application dès 2012. Dans le même temps, la durée de cotisation des employés de la SCNF, de la RATP ou d’EDF-GDF était portée de 37,5 à 40 ans. La logique gouvernementale est claire : calquer le modèle du privé dans toutes les sphères de la société et du monde du travail.

Le gouvernement va dans le sens du Medef

Malgré une mobilisation en berne samedi dernier, pour la manifestation interprofessionnelle appelée par les syndicats, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a vitupéré les positions du gouvernement qui, dit-il, sont conforment en tous points à celles du Medef. Il a appelé à réfléchir à d’autres pistes que le relèvement de l’âge légal du départ à la retraite. D’autant que cette modification des règles n’envisage en rien la « pénibilité » des métiers. « Je pense qu’il va être très difficile, dans le contexte actuel, d’expliquer aux jeunes générations, désolé, il n’y a pas de place pour vous, parce que ceux qui sont au travail vont devoir y rester plus longtemps », a-t-il ironisé gravement. Le rapport de force entre syndicats et gouvernement ne fait donc que commencer, alors que ce dernier affirme sa volonté d’insérer les partenaires sociaux à part entière dans ce débat.

On n’ose imaginer la détermination du Président de la République, pour qui sa propre retraite est sans doute un sujet tabou.

Jérémy Collado

Publié dans Actualités : Social

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