Coût de la rentrée : les associations divisées

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

La rentrée scolaire coûte-t-elle 8,7% ou 0,87 % de moins qu’en 2008 ? Tout dépend des frais que le calcul prend en compte… Mardi, la Confédération Syndicale des Familles revoit à la baisse le chiffre "historique" annoncé la semaine dernière par Familles de France.

Lundi dernier, l’association Familles de France (FF) annonçait une baisse spectaculaire du coût de la rentrée : -8,7% applaudissait-elle. Sourires qui contrastent avec les mines préoccupées des membres de la Confédération Syndicale des Familles (CSF). Ils exposent mardi le résultat de leur propre enquête : -0,87%.

Dur pour les parents de s’y retrouver, les associations étant toutes deux agréées. FF prévoit environ 175€ pour une rentrée en 6ème, alors que la CSF compte plus de 340€. Et pour cause, chacune a enquêté de son côté. "C’est une démarche imbécile et idiote", reconnaît Koné Aminata, secrétaire générale de la CSF, mais "les méthodes de travail sont partagées".

Plus efficace que la "liste essentielle", la baisse de la TVA

Les deux associations s’accordent sur une baisse du prix des fournitures. -8,7% selon FF, -5,7% pour la CSF. Familles de France se base sur les articles balisés "essentiels" par le ministère de l’Education nationale. La CSF trouve plus pertinent que l’enquête suive les habitudes de consommation des familles. Car selon l’association, ces premiers prix sont "souvent de qualité médiocre". Elle dénonce l’incitation "à la consommation de produits bas de gamme". Quel intérêt ont les familles à se contenter de fournitures inefficaces et vite cassées ?

Koné Aminata confie à l’Humanité ne pas comprendre pourquoi la première enquête a été réalisée en juillet, avant que les familles ne touchent les allocations de rentrée. "C’est trop tôt" selon elle, quand les familles modestes ont reçu l’argent, le 19 août, "les essentiels avaient disparus des rayons…"

Pour la Confédération Syndicale des Familles, le "bol d’air au budget des ménages" serait de baisser la TVA à 5,5% sur les fournitures. "C’est l’impôt le plus injuste", s’indigne Koné Aminata. "Sur un achat de 100€, la TVA représente environ 4% du revenu d’un Rmiste contre 0,6% d’un salaire net de 2500€", fait remarquer l’association.

La rentrée ne se résume pas au remplissage de trousses

"C’est un coup médiatique", tranche Brigitte Masure, secrétaire générale adjointe de la CSF. "Ne nous laissons pas leurrer par ces effets d’annonce et restons attentifs aux vraies préoccupations des familles" préconise l’association. Alors que Familles de France résume la rentrée à l’achat de fournitures, leur enquête s’intéresse plutôt au coût de la scolarité "tout au long de l’année". Elle ne fait pas l’impasse sur les livres, les équipements sportifs, les photos, la cantine, l’assurance…

"Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne", ajoute Brigitte Masure. "L’orientation professionnelle est très couteuse", plus de 800 euros pour une rentrée en Seconde technologique. Le montant de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) dépend de l’âge de l’enfant. Les associations réclament un ajustement en fonction des niveaux scolaires.

Alors que Familles de France centre son enquête sur la classe de 6ème, la CSF va de la maternelle au master. Or dans l’enseignement supérieur, les frais sont de plus en plus élevés (+3% cette année selon l’Unef) et les étudiants de plus en plus pauvres. Un tiers des étudiants doit travailler à côté pour financer le logement. Pour que chacun ait les mêmes chances de réussite, la CSF demande un "revenu pour l’autonomie des jeunes".

"L’Etat avait piqué de l’argent sur la branche famille"

"L’Etat avait piqué de l’argent sur la branche famille", souffle Koné Aminata. En 2008, la secrétaire d’Etat à la famille Nadine Morano avait augmenté l’allocation de rentrée pour le collège (+15€) et pour le lycée (+25€), mais sans relativiser ces sommes avec la hausse du coût de la vie. Selon l’Union des Familles d’Europe (UFE), cette majoration en fonction de l’âge a en fait permis à l’Etat d’économiser 250 millions d’euros. Pour Koné Aminata, cet argent devrait être réinvesti sur l’ARS.

Pour Bernard Teper, le secrétaire national de l’Union des Familles Laïques (Ufal), "les chiffres globaux sur le coût de la rentrée n’ont aucun sens, compte tenu des disparités régionales et des inégalités sociales". L’Ufal appelle à un accord entre le gouvernement et toutes associations familiales sur "un indice admis par tous". Une seule enquête annuelle, sur des critères pertinents, et des chiffres pondérés, pour un reflet plus fidèle de la réalité.

Nolwenn Le Fustec


Publié dans Économie

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