Trains, les raisons des défaillances

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

RFF_SNCF_rails_chemin_4445b.jpgLes discussions qui se tiennent depuis quelques mois avec des syndicats (Sud, FO, CGT, et les autres à venir) montrent que les analyses comparées des usagers et des syndicats sont très voisines sur la situation à la SNCF.

Le débat sur le service minimum ne doit pas faire oublier que la SNCF est devenue une entreprise à deux vitesses qui donne la priorité absolue au TGV aux dépens des trains de banlieue, des trains régionaux et interrégionaux.

Sur ces lignes, la SNCF économise sur tout, notamment sur l'entretien des trains ; Etat et Réseau Ferré de France laissent se dégrader les voies ferrées.

Il est vrai aussi que trop de trains sont trop anciens, ce qui est de la responsabilité des pouvoirs publics.

En Ile de France, par exemple, la situation de la banlieue est catastrophique pour les usagers quel que soit le réseau (Paris Est, Nord, Saint Lazare, Montparnasse, Austerlitz, Lyon), sans parler des lignes RER.

Les dessertes un peu plus lointaines, mais quotidiennes pour des milliers de personnes, ne sont pas mieux loties.

Il y a quelques années, la direction SNCF avait décidé de communiquer chaque mois sur la régularité.

Les résultats étaient si mauvais qu’elle a d’abord joué sur la notion même de «train à l’heure» (miracle de la technocratie, est parfois considéré «à l’heure», un train qui a 15 minutes de retard), mais cela n’a pas suffi. La vérité devenant gênante, ces informations ont été supprimées.

C’est ridicule : les usagers n’ont pas besoin des statistiques SNCF pour connaître l’étendue des désagréments qu’ils subissent. De même, pour les cheminots qui savent combien sont difficiles les conditions de travail en situation perturbée. L’état des transports ferroviaires en France mérite des actions d’urgence. Cela ne se fera pas tout seul.

La pétition proposée par la Fédération des Usagers des Transports et des Services Publics (www.sos-usagers.com) est un outil dans ce sens : Avant, les trains étaient envoyés à la "grande révision" tous les 500 000 km. Maintenant, on est passé à UN MILLION de km.

Evidemment, les pannes se multiplient. La durée qui sépare deux révisions des installations fixes (voies, signaux, réseau électrique) a également été doublée. Mêmes causes, mêmes résultats.

Et puis, le nombre de cheminots «de réserve» a été diminué. Résultat : quand un cheminot est indisponible, trop souvent il n'est pas remplacé, et comme son train ne roule pas tout seul, il reste au garage.

Ces décisions prises pour faire des économies expliquent la majorité des "incidents techniques", pannes, retards et autres annulations de trains.

En dehors de l'Ile de France (qui représente plus de 50% du trafic national de la SNCF du lundi au vendredi), les régions ont fortement investi dans le rail.

Résultat : une hausse de la fréquentation de 20%. C'est bien la preuve que la volonté politique peut être efficace. Pour autant, des problèmes demeurent, les fermetures de gares se multiplient, des dessertes sont supprimées...

De plus, RFF (Réseau Ferré de France), à qui l'Etat a donné la propriété des voies ferrées en 1997, n'a pas les moyens de les entretenir correctement. Il croule sous le poids de la dette de la SNCF que l'Etat a refusé de prendre à sa charge, à la différence de l'Allemagne, qui a assumé celle de DB, Deutsche Bahn. Résultat : pour éviter des déraillements, la vitesse est limitée sur certains tronçons. Jusqu’à 10 km à l'heure !

A quoi ça sert que les régions se décarcassent et achètent des rames qui peuvent rouler à 160 à l'heure ?

 Même le TGV-Est, inauguré à grand fracas, est victime de la politique d'économies forcées de la SNCF.

Pas assez de places dans les rames, pas assez d'allers-retours, jusqu'à 40 ou 45 minutes d'attente au guichet. Chaque jour des centaines de voyageurs restent sur le quai, les amendes pleuvent pour ceux qui montent sans la réservation qu'ils n'ont pas pu se procurer.

Colère des usagers ! Le train, c'est plus écolo que la voiture. Mais de plus en plus, il faut aller à la gare en voiture. Et en avant, une journée de parking !

La politique commerciale de la SNCF est un désastre : des prix à deux vitesses : plus chers au guichet (tant pis pour ceux qui n'ont pas d'ordinateur), imprévisibles sur Internet.

Avec aussi des "ratés" spectaculaires, par exemple ces usagers à qui on débite trois fois le prix du même billet !

Les employés au guichet ont maintenant des "objectifs de vente" fixés par leurs "managers". Primes à la clé. Vingt centimes d'euro quand ils placent une carte "Senior" (même si le retraité ne voyage qu'une fois par an), trois euros cinquante s'ils vendent une location de voiture d'une société privée plutôt qu'un billet train auto.

Priorité aux billets de 1ère, "c'est complet en seconde" . Ce n’est pas ce service au public que veulent rendre les agents commerciaux de la SNCF !

Des usagers ont attendu huit mois (!) leur carte de famille nombreuse.

La dégradation de la qualité des transports constitue désormais le sujet de préoccupation n°1 des usagers. Si les usagers n'accueillent pas avec plaisir les mouvements de grève, les problèmes des usagers ne cessent pas lorsque la grève s’arrête. Bien au contraire, c'est tous les jours de l'année que les usagers sont victimes de retards, de pannes, d’annulations de trains, d’incidents techniques dus au manque de matériel moderne, à l'entretien déficient des rames et des installations fixes, et aux effectifs insuffisants.

Les différents retards que nous avons connus dans l'actualité de ces derniers jours vont dans le même sens, particulièrement quand les conditions météo s'en mêlent.

Ces difficultés ont provoqué la colère des passagers. "On a l'impression que personne ne prend les décisions qui s'imposent", a raconté samedi sur France Info l'un d'entre eux. Un autre passager a dénoncé lors de son arrivée à Londres les conditions du voyage, sans nourriture, ni liberté de mouvement. "La panne, ça peut arriver, mais la suite, on ne peut pas l'expliquer. C'est plus qu'un choc, je ne réalise pas encore", a-t-il dit.

Pour des passagers d'un Eurostar parti vendredi soir de Paris, le trajet a duré sept fois plus que la normale, a raconté samedi un voyageurs . "Les gens sont bloqués dans le train depuis 16 heures 30 d'affilée, sans ouverture de porte", a déclaré au téléphone Patrick Dussaut, accompagnateur d'un groupe de 40 personnes d'un comité d'entreprise.

"Des enfants dormaient sur le sol, certains étaient malades, c'était un vrai cauchemar (...) on a eu des crises d'asthme, des gens se sont évanouis. C'était le chaos", a dit un voyageur. Des passagers ont ouvert eux-mêmes les portes de secours.

"Des altercations ont opposé des personnels d'Eurostar et des passagers qui n'en pouvaient plus d'être enfermés. La gestion humaine a été catastrophique".

C'est là qu'on voit apparaître aussi le manque de faculté d'adaptation des transporteurs que sont la SNCF et Eurostar face à des difficultés. On laisse des voyageurs des heures sans information, sans boire, sans manger, sans chauffage, ils ont le sentiment d'être pris en otage, c'est ce que les passagers ont ressenti dans l'Eurostar ou hier dans le réseau SNCF de l'Est de la France.

Quand donc ces transporteurs prendront-ils les mesures nécessaires conformes à l'époque où nous vivons ?


Nous devons en outre exiger que la SNCF et Eurostar prennent au quotidien les mesures nécessaires pour que les trains ne tombent pas en panne et ne soient pas annulés ou retardés.



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