DALO, un droit au logement encore vacillant

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

Crise financière et hausse de la précarité font craindre un hiver très rude pour les plus démunis en France. L’entrée en vigueur de la loi Dalo, qui oblige l’Etat à proposer un toit à ceux qui n’en ont pas, laisse sceptiques les associations. 

Crise financière et hausse de la précarité font craindre un hiver très rude pour les plus démunis en France, de plus en plus nombreux à pousser la porte de banques alimentaires et d’organisations d’aide au logement.

Ce lundi marque le coup d’envoi de la 24e campagne des Restos du Coeur et l’entrée en vigueur de la loi Dalo, qui oblige l’Etat à proposer un toit à ceux qui n’en ont pas.

L’an dernier, 700.000 personnes ont été accueillies et 91 millions de repas distribués par les 51.000 bénévoles des Restos du Coeur, fondés en 1985 par l’humoriste Coluche, mort en 1986.

"Les inscriptions pour la saison 2008-2009 sont en hausse de 5% à 10%. Nous accueillons de plus en plus de personnes âgées et de travailleurs pauvres", a déclaré à Reuters le président des Restos, Olivier Berthe.

L’aggravation de la précarité en France remonte selon lui bien avant la crise financière mondiale.

"Elle des racines beaucoup plus anciennes, les problématiques de pouvoir d’achat remontent à un an, un an et demi", explique-t-il. "Les choses seront encore plus difficiles dans 12 à 18 mois. Il faut constituer des réserves afin de faire face à une situation qui ne va pas s’améliorer".

Comme lui, toutes les associations d’aide aux démunis tirent le signal d’alarme.

Sept millions de pauvres en France

Lors de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté en France a été estimée à 7,1 millions de personnes, dont deux millions d’enfants et d’adolescents.

La Fédération des banques alimentaires, qui récoltent dans les supermarchés des denrées appelées à être redistribuées, dit avoir enregistré une hausse de 8% des demandes en septembre et octobre, l’équivalent de 100.000 personnes supplémentaires.

Dans son rapport annuel publié le 13 novembre, le Secours catholique notait une recrudescence des "travailleurs pauvres".

Même constat au Secours populaire, qui évoquait la semaine dernière une hausse de 15% à 20% des demandes d’aides. L’ONG notait l’apparition d’une catégorie de nouveaux pauvres constituée par des cadres, commerçants ou petits patrons touchés de plein fouet par la crise financière.

DROIT AU LOGEMENT

La détresse des plus démunis a été mise en lumière ces derniers jours par la mort de plusieurs personnes sans domicile fixe en région parisienne. En un an, près de 270 sans-logis sont morts dans la rue, selon l’association caritative Emmaüs.

Depuis lundi, la loi Dalo instituée après l’action médiatique des Enfants de Don Quichotte - et leur campement de tentes - durant l’hiver 2006-2007 entre dans une phase juridique concrète. Elle concerne environ 600.000 personnes.

Les sans-abri, locataires menacés d’expulsion ou personnes vivant des situations difficiles dont les démarches ont été vaines peuvent déposer un recours soit devant une commission de médiation, soit devant le tribunal administratif.

L’Etat pourra être condamné pour ne pas avoir garanti ce droit. Le tribunal administratif devra statuer en urgence dans un délai de deux mois et pourra ordonner l’accueil dans des structures d’hébergement.

A partir du 1er janvier 2012, la loi concernera toute personne éligible aux logements sociaux.

Les associations caritatives regrettent que la loi soit encore mal connue et que seulement 50.600 demandes de logement aient été enregistrées depuis dix mois, alors qu’elle est susceptible de concerner dix fois plus de monde.

Elles soulignent que le droit au logement opposable, salué comme une avancée sociale significative, ne concerne pas seulement les SDF mais les travailleurs pauvres, femmes isolées avec enfant, personnes en logement insalubre.

Pour informer les mal-logés, la fondation Abbé Pierre a affrété un "bus Dalo" aux couleurs du droit au logement. Après avoir sillonné Grenoble, Marseille, Montpellier, Lyon, Metz, Lille et Toulouse, il devait circuler lundi et mardi en Ile-de-France, dit-elle dans un communiqué. (Elizabeth Pineau et Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser)



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