Strasbourg « La police m’a empêché de bosser »

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

Le journaliste Hugo Hyat raconte comment des policiers ont voulu effacer des enregistrements d’interviews recueillies au « village autonome ».

Pour camper, les jeunes anti-OTAN avaient obtenu un terrain en périphérie de Strasbourg. Alors qu’ils le quittaient, tranquillement, depuis la fin de la matinée, les forces de l’ordre ont encerclé le lieu dès 13 heures, contrôlant leurs affaires dans les moindres détails et effectuant des fouilles au corps. Hugo Hayat, journaliste reporter d’images indépendant, était présent avec un cameraman. Il raconte à l’Humanité comment il a été empêché de travailler.

Que s’est-il passé quand vous êtes arrivé près du campement hier ?

Hugo Hyat. Alors que je me rendais au village autonome pour des entretiens, je tombe sur un groupe en train de se faire contrôler, je me mets à filmer. Cent mètres plus loin, alors que la caméra tourne, second contrôle ; alors que j’avais laissé la distance de sécurité pour que les forces de l’ordre travaillent, un commissaire saute sur mon collègue cameraman, lui baisse sa caméra, lui dit : « Ne tournez pas », lui soulève son tee-shirt, le pousse violemment. Ensuite, il me fonce dessus, tape sur ma caméra et la met par terre. Lorsque je lui ai dit : « Regardez, j’ai un badge de l’OTAN, je suis des médias », il a répondu : « Je m’en fous. Carte de presse ! » Je lui présente. Mais il exige aussi que je lui donne la caméra, ce que je refuse. Ça dure un petit bout de temps. Comme je ne lâche pas la caméra, un de ses gars passe derrière moi, me fait une clé de bras et je me retrouve la tête sur un mur. J’étais un journaliste voyou ! Là j’entends : « Efface la cassette ! » Sous prétexte que ma carte de presse était périmée depuis trois jours, et même si j’avais un badge de l’OTAN, ils m’ont empêché de travailler.

Après ça, j’ai vu qu’un des policiers avait trouvé le mode pour effacer la cassette. J’attrape mon téléphone portable et appelle un confrère. Je lui dis : « Appelle tout le monde, appelle toute la presse » et lui donne ma situation géographique. Je hurle : « La police m’empêche de bosser, c’est hallucinant, il n’y a pas de liberté de la presse ! » Alors, j’ai pu récupérer ma caméra. J’ai demandé au commissaire pourquoi il avait fait ça ; il n’a pas répondu. Ils s’en sont allés sans me rendre ma carte de presse. Je repars de ce sommet sans ma carte de presse, confisquée, sans raison, et je ne sais pas où elle est à ce jour.

Pourquoi vous ont-ils empêché de travailler à votre avis ?

Hugo Hyat.Je n’en ai aucune idée parce qu’on filmait quelque chose de banal : un contrôle de routine. En plus, les premiers policiers m’ont regardé avec un petit sourire, laissant entendre qu’ils faisaient leur travail, moi le mien. Et c’est le commissaire qui m’a sauté dessus alors que mon badge était apparent. Je n’ai pas compris.

Vidéo disponible sur le site de l’Humanité (www.humanite.fr)

Entretien réalisé par Fabien Perrier

 

C'est un commissaire de police que vous voyez aggresser le journaliste alors que son badge de presse est apparent.






Strasbourg : la vidéo qui embarrasse la police
LEMONDE.FR avec Reuters | 08.04.09 | 08h16  •  Mis à jour le 08.04.09 | 08h20


Des images vidéo diffusées sur Internet mardi montrent des policiers lançant des projectiles sur des manifestants anti-OTAN samedi 4 avril à Strasbourg. D'abord diffusées sur le site Dailymotion, ces images, prises apparemment par téléphone portable, ont été retirées avant d'être remises en ligne par d'autres sites.


On y voit des policiers postés sur un talus SNCF, surplombant un cortège de manifestants et jetant à plusieurs reprises ce qui semble être des pierres en leur direction, en réponse à des jets de pierre les visant.  Tout en exprimant des réserves sur l'authenticité des images, deux syndicats de police ont souligné que le jet de projectiles n'était pas une procédure de police régulière.

"DANS LA TENSION, ÇA PEUT ARRIVER"

"Prendre un caillou et le jeter sur des manifestants ne fait pas partie des techniques d'intervention et de maintien de l'ordre", dit Yannick Danio, de l'UNSA-police. "Si c'est vrai, j'imagine qu'il y aura une enquête et des sanctions. Je n'excuse pas, je ne dis pas que c'est bien, mais dans la tension, ça peut arriver", dit Jean-Claude Delage, du syndicat Alliance.

La manifestation, qui a rassemblé de dix mille à trente mille personnes, s'est déroulée dans le calme, mais de violents incidents ont éclaté en marge du défilé, avec l'incendie de plusieurs bâtiments, sans que la police intervienne. Le maire de Strasbourg, socialiste, Roland Ries, a évoqué dimanche le sentiment des habitants de la cité du Port-du-Rhin, où se sont déroulées les violences, "d'avoir été livrés aux casseurs et non protégés".





Publié dans Liberté de la presse

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