Le MoDem fait un pas à gauche

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS


sarnez-bayrou.1267541864.jpgLa séquence est passée quelque peu inaperçue. Elle est pourtant significative. Mardi soir, au cours du débat qui opposait les représentants des grands partis sur France 2, Marielle de Sarnez, numéro 2 du MoDem, a répété une nouvelle fois qu’il était exclu que sa formation fasse alliance avec l’UMP au second tour des régionales.

 

Mais cette fois, elle a été plus loin, en annonçant qu’il était “envisageable” pour la formation centriste de s’allier avec la gauche là où elle n’atteindrait pas les 10 %, c’est-à-dire, à en croire les sondages, dans la grande majorité des régions. “Il y peut-être d’autres régions où nous regarderons avec les uns ou les autres, avec les présidents de région s’ils sont ouverts, en fonction des projets, des propositions, du contenu. Donc, tout est ouvert. Possiblement, des alliances sont envisageables”, a justifié Marielle de Sarnez.

 

En perte de vitesse, le MoDem n’a guère d’espoir d’atteindre le deuxième tour, hormis en région Aquitaine où Jean Lassalle, figure du mouvement, est crédité de 12 % d’intentions de vote. Au niveau national, le mouvement plafonne à 4 % ou 5 %, bien loin des 18,57 % de François Bayrou en 2007, et même des 8,46 % des européennes. Une hémorragie électorale qui rend perplexe les cadres du mouvement, comme Jean-Luc Benhamias : “Je n’ai strictement aucune idée concernant la disparition, si elle existe vraiment, d’une grande partie de notre électorat entre les élections européennes et les élections régionales”, a-t-il avoué sur France Culture. “Je ne vois pas pourquoi tout d’un coup une grande partie de la population qui faisait confiance à François Bayrou et au Mouvement démocrate aurait totalement disparu ou quasiment disparu, je ne vois pas”.


Le PS toujours divisé sur une alliance

En soi, la volonté du MoDem de s’ancrer à gauche n’est pas nouvelle. Dès l’été 2009, Marielle de Sarnez avait fait des apparitions remarquées aux réunions organisées par Vincent Peillon et le courant “L’Espoir à gauche”. Mais c’est la première fois que l’offre est aussi explicite.

 

Le choix de refuser toute alliance avec l’UMP entérine la coupure du mouvement centriste avec ses racines. Lors des municipales, François Bayrou avait pu laisser ses candidats s’allier, en fonction des stratégies locales, avec le PS ou l’UMP. Cette fois, il n’en sera rien. Le Nouveau Centre, frère ennemi du MoDem, n’a d’ailleurs pas manqué de le noter, par la voix du député Philippe Vigier. Pour lui, le parti de François Bayrou “passe l’arme à gauche” et “prend définitivement ses distances avec le centre”.


A gauche, ce nouveau pas en direction du PS risque de relancer la vieille querelle interne au PS sur l’attitude à adopter avec les centristes, qui fut au cœur des déchirements du congrès de Reims fin 2008. Mardi, Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal, a jugé “tout à fait souhaitable” une alliance “si le projet est partagé”. Une position conforme à celle de la présidente de la région Poitou-Charentes, qui a fait entrer des candidats MoDem dans ses listes aux régionales, au grand dam de la direction nationale du mouvement centriste, qui les a aussitôt exclus.

 

La direction du Parti socialiste, en revanche, reste tiède sur la question. Invité de France 2 également, Benoît Hamon a d’ailleurs répliqué à Marielle de Sarnez que “la priorité du PS est le rassemblement de la gauche” parce qu’“il faut être cohérent sur le plan politique”. Une formulation devenue usuelle dans la bouche des responsables PS. Surtout, les socialistes craignent de perdre leurs alliés à gauche s’ils choisissent d’accepter l’offre. Mardi, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs édité, à l’intention du PS, une brochure visant à “faire la démonstration” que François Bayrou a “un programme de droite”. La coalition “arc-en-ciel” n’est pas pour tout de suite.

Samuel Laurent Le Monde 2 mars 2010



Publié dans Régionales

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