ENTRETIEN AVEC FRANCOIS ASENSI : Député de Seine-Saint-Denis – Maire de Tremblay-en-France

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

Le PCF, le Parti de Gauche et la Gauche Unitaire ont fait part de leur volonté d’« élargir et enraciner le Front de Gauche dans la durée ». Approuvez-vous cette position ?

 

François Asensi :

Cette orientation est la seule possible. Elle s’inscrit dans le nécessaire rassemblement d’une gauche de transformation sociale et écologique autonome du Parti socialiste. La dynamique qui se crée offrirait la possibilité de soustraire le peuple de gauche à l’hégémonie des politiques d’accompagnement du capitalisme.

 

Le Front de gauche peut-il s’affirmer comme la première force à gauche ?

F.A. :

Oui, mais pas à n’importe quelle condition. Les formations du Front de Gauche déclarent qu’une «véritable proposition de gauche ayant vocation à construire des majorités d’alternative » doit se mettre en place, mais cette vocation majoritaire ne peut pas se réduire à un accord de sommet entre trois formations à l’influence réduite. Si un tel choix se dessinait, nous assisterions à terme à la marginalisation de notre projet et décevrions une nouvelle fois les attentes des citoyens de gauche. La vocation majoritaire de ce rassemblement doit essentiellement se construire autour d’un projet politique, un projet qui dépasse les frontières partidaires.

 

Jusqu’où doit s’élargir le Front de Gauche ?

F.A. :

Cette construction doit s’adresser à tous ceux qui croient que notre société en crise a plus que jamais besoin d’une profonde transformation sociale et écologique. Cela signifie que le Front de Gauche doit susciter une adhésion populaire, rechercher la convergence des citoyens, des formations politiques, et du mouvement social. Sans cette large assise, les initiateurs du Front de Gauche créeraient l’alliance étriquée d’une petite gauche, ce qu’ils reprochaient à tort à la gauche antilibérale en 2007.

 

Vous évoquiez l’idée d’un rassemblement autonome, cela signifie que le Front de Gauche devrait rompre avec le PS ?

F.A. :

Une rupture forte, radicale, doit s’opérer non pas avec les militants socialistes ou leur organisation, mais avec le projet d’accompagnement du capitalisme. C’est cette orientation qu’a entériné le Parti socialiste dans sa déclaration de principes du 14 juin 2008, quelques mois seulement avant le déclenchement d’une crise systémique du capitalisme. Ce choix est révélateur d’une adhésion à l’hypothèse d’une fin de l’Histoire et d’un capitalisme prétendument indépassable.

 

L’Europe semble s’ancrer durablement à droite, comment renverser cette tendance ?

F.A. :

La sociale démocratie est en crise sur tout le continent européen, c’est incontestable. Elle paie ses alliances avec la droite et son éloignement des classes populaires. En un mot, elle pâtit de son renoncement à l’idéal d’émancipation humaine. En Allemagne, la défaite du SPD symbolise la fin de cycle de l’option social-démocrate, et dans le même temps, la forte poussée de Die Linke nous montre qu’une autre gauche est possible.

 

La campagne des régionales débute, quelle peut-être la place d’un rassemblement de la gauche de transformation sociale dans ces élections ?

F.A. :

La convergence des forces de la gauche citoyenne et écologiste doit adopter une position claire, identique sur tout le territoire et valable pour l’ensemble des élections. Il faut arrêter les alliances à la carte mortifères qui nous éloignent des citoyens. En région Ile-de-France, nous devons pousser jusqu’au bout l’objectif d’un Front à vocation majoritaire rassemblant toutes les forces de gauche. Que cela soit dit clairement : le Front de Gauche doit prétendre et rendre lisible auprès de l’opinion sa volonté d’occuper la plus haute responsabilité à la Région, c’est-à-dire la Présidence de l’Ile-de-France. Dans le contexte politique et social actuel, il n’est pas pensable que notre présence aux régionales se réduise à un simple affichage visant à renforcer à la marge notre influence dans un exécutif régional socialiste.

 

Les candidats franciliens des principaux partis sont connus, quelle personnalité pourrait incarner ce pôle de transformation sociale pour les régionales en Ile-de-France ?

F.A. :

Le Député Patrick Braouezec s’est déclaré disponible pour porter ce projet, je crois qu’il lui revient d’occuper la tête de liste et le leadership d’un Front de Gauche à vocation majoritaire. Sa grande connaissance du terrain, pour avoir été élu maire d’une grande ville populaire du nord parisien, Saint-Denis, est un atout considérable. Président de la plus grande communauté d’agglomération d’Ile-de-France, Plaine Commune, son investissement et son avis pertinent sur les grands dossiers de l’agglomération sont reconnus de tous. Enfin, Patrick Braouezec défend avec conviction et générosité la vision d’une métropole parisienne plus solidaire. Je crois que ces atouts et sa capacité à fédérer font de lui le candidat naturel de la liste du Front de Gauche pour l’Ile-de-France. Se priver de la candidature d’un élu respecté et populaire réduirait considérablement les chances du rassemblement que nous appelons de nos vœux.

 

Propos recueillis par J-M.V.

 

 

 

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