L'école à 2 ans, c'est fini ou ce sera payant

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

In Le Progrès de Lyon
samedi 8 novembre 2008



Hier à Vénissieux, Nadine Morano, la secrétaire d’État à la famille a indiqué qu’elle souhaitait transformer certaines salles de classes de maternelles en « jardins d’éveils » payants pour les familles

« Avant trois ans, ce sont des bébés. L’enseignement scolaire n’est pas fait pour eux. Ils ne sont pas à leur place ». En visite hier à Vénissieux et à Lyon, Nadine Morano a clairement affiché son intention de remplacer la maternelle pour les deux ans par des « jardins d’éveil » installés dans des locaux scolaires

« Avec Xavier Darcos, nous sommes en train de recenser les salles de classe inoccupées », a précisé la secrétaire d’État à la famille. « Cela permettrait aux enfants de venir dans la structure scolaire, mais ils seraient encadrés par du personnel formé à la petite enfance, et non par des enseignants ».

Interrogée sur le financement de ce service, Nadine Morano est tout aussi directe : les collectivités seraient mises à contribution. « D’ailleurs les aides maternelles sont payées par les communes. Et les collectivités seront gagnantes car elles n’auront pas besoin de construire de nouveaux locaux », souligne-t-elle. Dans son optique, il s’agira d’un service de garderie proche de la crèche.

Les familles mettront donc la main à la poche, avec des tarifs calculés selon les revenus. Sur ce point le ministre de l’Éducation Xavier Darcos est plus réticent :  « Puisque ce serait un nouveau service, j’imagine qu’il ne pourrait qu’être gratuit ».

 Depuis plusieurs mois, la question des enfants de deux ans fait débat. Au fil des rentrées, l’Éducation nationale restreint leur accueil. À plusieurs reprises, Xavier Darcos a exprimé ses doutes sur la pertinence de cette scolarisation précoce.

Un rapport de la députée UMP Michèle Tabarot propose les jardins d’éveil. Ces « structures intermédiaires » accueilleraient les enfants toute l’année, avec un taux d’encadrement d’un adulte pour 12 petits. Sans crier haro sur la maternelle, ce document estime que la scolarisation des tout petits « ne peut être développée (...) que lorsque les locaux, l’encadrement et la pédagogie sont adaptés »

Un autre rapport du Sénat enfonce le clou en qualifiant cette scolarisation précoce de « fausse bonne idée pour la réussite scolaire ». Jusqu’à présent, les syndicats enseignants ont vivement réagi à cette remise en cause, guidée, selon eux par des objectifs financiers.

La plupart des maires réprouvent ce désengagement de l’État, qui allonge les listes d’attente pour des berceaux qu’ils peinent à financer. Au milieu, les enfants. L’accueil n’est obligatoire pour aucun pouvoir public avant l’âge de trois ans selon la loi.

Muriel Florin

 


Plus d’enfants par nounou

 

En venant à Vénissieux en compagnie de Fadéla Amara (secrétaire d’État à la politique de la ville) Nadine Morano a prôné des modes de garde diversifiés et adaptés aux besoins des familles.

Dans cette optique, elle s’est engagée à dégager une ligne budgétaire de 30 millions d’euros pour des projets développant cette offre dans les 215 quartiers prioritaires siglés « zone espoir banlieue ». Cet argent serait extrait du fonds d’action social des caisses d’allocations familiales.

Dans l’après-midi, elle a aussi lancé le principe d’une consultation pour ouvrir davantage les crèches hospitalières à d’autres publics. Par tous les moyens, mais sans dépenser plus, la secrétaire d’État à la famille cherche à gagner des places.

Parmi les propositions du projet de loi des finances 2009, figure notamment le regroupement d’assistantes maternelles et l’autorisation de porter à quatre (au lieu de trois, le maximum d’enfants par nounou).

Par ailleurs, des négociations sont en cours pour abaisser les taux d’encadrement dans les crèches.

M.F.

 


Des enjeux financiers considérables

 

L’offre et la demande

Pour 2,34 millions d’enfants de moins de trois ans, il y a aujourd’hui environ 320 000 places en accueil collectif et 650 000 places chez les assistantes maternelles. 170 000 enfants de deux ans sont scolarisés, soit 20%e de cette tranche d’âge au lieu de 35% en 2000.

Le coût public

L’école maternelle coûte 791 millions mais est le mode de garde le plus économique avec 4 660 euros par an par enfant, à comparer aux 25 488 euros d’une garde à domicile (dont plus de la moitié prise en charge par l’État et la CNAF). Un berceau en crèche revient en moyenne à 10 000 euros en investissement et 13 000 euros en fonctionnement ( 15 % payés par les familles).

Le coût pour les familles

La garde mensuelle chez une assistante maternelle coûte entre 110 et 200 euros selon les revenus (hors frais de repas et déduction des aides) et entre 120 et 270 euros dans les crèches selon les revenus. Globalement, la crèche est plus avantageuse au-dessous de 2,5 smic.

Les conséquences pour les parents

La moitié fait appel à un mode de garde payant réparti pour deux tiers chez la nounou et pour l’autre en crèche. Alors que neuf hommes sur dix ayant des enfants de moins de six ans travaillent, c’est le cas de six femmes sur dix. C’est un peu moins lorsque l’enfant a moins de trois ans.


Publié dans École publique

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