Le Jardin d'éveil : une vieille pratique en Mayenne

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

In Café Pédagogique
Ce n'est par hasard que la Mayenne s'est portée volontaire pour accueillir le premier "Jardin d'éveil" imaginé par le rapport Papon. Lucie Gillet retrace pour nous trois années d'expériences tournant toutes à la suppression de la scolarisation à deux ans. Après des revers, le président du conseil général, Jean Arthuis, semble avoir gagné la partie.

La Région Pays de Loire est selon l'INSEE « la plus féconde de la France métropolitaine », elle le doit particulièrement au département de la Mayenne, qui avec 2.18 enfants par femme. Mais à 70 % ces femmes travaillent, aussi depuis plusieurs années l'accueil du jeune enfant est devenu une question cruciale pour les collectivités territoriales. La Mayenne fait partie des départements où la scolarisation à deux ans est la plus forte.

Mais petit à petit les choix budgétaires ont entrainé des "expérimentations". En janvier 2003, l'inspecteur d'académie promettait « A la rentrée prochaine, je ne toucherai pas à l'accueil des enfants de 2 ans. Je ne veux pas désespérer les mamans qui travaillent. » Pourtant en  janvier 2005, la Mayenne teste le « jardin maternel ». Il s'agissait dans cette expérimentation de combiner école le matin et jardin d'enfants l'après-midi. Ouest-France rapporte à l'époque les propos de Jean Arthuis : « Que des enseignants à bac + 5, 6 ou 7 gardent des enfants qui font la sieste l’après-midi, dans un contexte de pénurie de moyens, ce n’est vraiment plus possible!» Le « test » est mis en place dans deux communes : Meslay et Renazé, à l'époque il ne s'agit pas pour l'Inspecteur d'Académie  de supprimer « brutalement » l'accueil des deux ans : « « Ce serait la révolution et je mettrais bien des familles dans l’embarras. »

Dès le départ, le « test » ne remporte pas un franc succès : les parents refusent de jouer le jeu et  l'après-midi pour le « jardin maternel » c'est l'école buissonnière, il est déserté ! Ils argumentent sur le fait que leurs enfants ont leurs repères à l'école, que ce nouveau « service » est payant. En novembre 2005 les élus de gauche dénoncent l'échec. En octobre 2006, la commission Solidarité et cohésion sociale du Conseil général évalue le dispositif et conclue au terme précipité de l'expérimentation.

Mais la mise en place de la PSU (Prestation de Service Unique) appliquée depuis 2004 dans les structures d'accueil collectives a contribué à l'évolution des dispositifs d'accueil. En effet à partir de sa mise en place, c'est un tarif horaire qui est appliqué aux parents et non plus un tarif forfaitaire à la journée. D'autre part la mise en place de la PSU fait évoluer les structures : de crèche et halte-garderie on devient « multi-accueil » un mot fourre-tout qui permet d'accueillir les enfants en structure « petite enfance » jusqu'à 4 ans contre 3 auparavant.  A l'époque on s'inquiète un peu, on se demande bien pourquoi, mais beaucoup de familles ont eu recours à ce moyen de garde pour leurs enfants agés de 3 à 4 ans le mercredi, en complément de l'école. Ainsi on s'habitue à avoir recours au « multi-accueil » pour la garde de son plus ou moins « jeune » enfant.

En février 2007 est publié le rapport  du Centre d'analyses stratégiques sur le service public de la petite enfance. Il cite en exemple une « nouvelle formule  d'accueil à mi-chemin entre l'accueil collectif et individuel, à distinguer des mini-crèches », il s'agit des micro-crèches... inventées en Mayenne. Des avril  la Mayenne fait part de son expérience au travers d'un dossier de presse : qualifiée de lieu innovant qui accueille les enfants de 2 mois à 4 ans. La particularité de ce lieu d'accueil, et ce qui le différencie d'une crêche est l'accueil assuré par des  assistantes maternelles, regroupées à quelques unes sur un même lieu.

A la rentrée 2007, la scolarisation des enfants de deux ans reste un cheval de bataille pour les syndicats mayennais qui réclament la comptabilisation de tous les enfants inscrits. En octobre dernier Nadine Morano fait une visite en Mayenne sur le thème de la petite enfance, elle y évoque et loue le « modèle mayennais ». La presse s'en fait largement écho. Mais sur les sites professionnels des EJE on s'inquiète un peu. Nul doute qu'on continue de s'inquiéter avec la publication du rapport Papon au Sénat.

 

 

 

 


Publié dans École publique

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