Karl Marx

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS


Un pastiche de Karl Marx

Le 18-Brumaire de Louis le Funestre

Par Jean Salem *

En France, en 2009 comme dans la Constitution de 1848, le président dispose de tous les attributs de la puissance royale. Il a le droit de nommer et de révoquer ses ministres indépendamment d’une Assemblée nationale devenue simple bureau d’enregistrement. La cour d’esbroufe et de cohue, est faite de légitimistes reconvertis au mauvais goût du moment, d’anciens « républicains purs » venus courir le maroquin, ou bien encore de gens dont un jour on a jeté le nom en l’air devant l’impératrice.

Louis Napoléon cravachait la croupe d’une baigneuse de Courbet…

Louis le Funestre s’illustre en citant la littérature ancienne comme l’exemple des études inutiles. Voilà qui a fort réjoui l’Universté  et a remis en honneur ce bon mot : « Illiteratus rex quasi asinus conotus est » (1). Car, comme je l’écrit dans mon « Capital », les porte-parole des rentiers et des hommes d’affaires sont « tellement stupides qu’ils mesurent l’effet de toute activité à son effet sur le porte-monnaie ». Commun, camelot, hâbleur, implacable… Je me rappelais, l’autre jour, en le regardant, cette réflexion que se faisait jadis Goncourt à propos du très pâle « Empereur des Français » : « ça, c’est cela la tête de la France, l’homme sur qui tout repose ? ».

Le système mis en place s’appuie sur la présence constante du chef dans les foyers, par la télévision et la radio. Un chef qui ne répugne pas à détrousser les morts (Guy Moquet), ni même à piller les tombeaux (il court au devant des guerres américaines, mais cite onze fois Jaurès dans un de ses plus mémorables discours).

Homme de tout ce qui brille, il invoquera sans rire la nécessaire union des religions contre « matérialisme », ainsi que le « Dieu transcendant qui est dans la pensée et le cœur de chaque homme »… (Discours de Riyad, 14 janvier 2008). Il aura même perpétré son petit 2-Décembre, son coup d’État à lui, en faisant ratifier par voie parlementaire la majeur e partie d’un traité que le peuple français avait rejeté par référendum ; mais, à trop en faire dans l’invective amère, on aurait tôt fait de ne plus voir dans l’actuel désastre français que le fait d’un individu. La victoire de Sarkozy ne m’a pas surpris comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Moi, je montre comment la lutte des classes en France a créé les circonstances qui ont permis à ce personnage de faire figure de héraut du parti de l’ordre et, tout à la fois, de possible recours aux yeux d’une fraction des couches populaires. Aux yeux de ceux que les gouvernements de la drôle de gauche avaient abandonnés, spoliés, mis en état de piège. Á force d’avoir promis (comme l’avait fait Louis Bonaparte, alors socialiste et carbonaro) l’extinction  du paupérisme après 10 heures du soir, la fausse gauche a fait le lit de ceux qui renouent, dans un monde de crise ininterrompue, avec les deux valeurs suprêmes du règne de Napoléon le Petit : le libéralisme et l’autoritarisme.

Cela veut dire que, tandis que c’était l’ensemble de la bourgeoisie qui, depuis de Gaulle, avait régné au nom de la nation tout entière, c’est désormais une partie restreinte de la bourgeoisie qui estime avoir obtenu mandat pour régner au nom du veau d’or. Pour tenter d’en finir une bonne fois avec les conquête sociales et le mouvement ouvrier français. Le pays réel gronde de colère et de mépris. Utopistes à la triste figure, gageons que la suite de votre voyage ne sera pas de tout repos !

Jean Salem

 (1)        « Un roi illettré est comme un âne couronné » (Jean de Salisbury, « Policraticus », XIIè siècle »

  Né en 1952, Jean Salem est professeur de philosophie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne du matérialisme antique, il anime le séminaire « Marx au XXI è siècle : l’esprit et la lettre ».

 

 

Penser la lutte

Par Daniel Bensaïd *

 Il y a vingt-cinq ans, Marx était considéré comme un chien crevé dans le meilleur des mondes libéraux possibles. Son spectre souriant est aujourd’hui de retour. Son actualité est tout simplement celle du capital mondialisé.

Á l’époque de la mondialisation victorienne, « l’énorme entassement de marchandises » en était encore à ses débuts. Marx ne s’est pas contenté d’explorer la grande pyramide. Sa critique de l’économie politique visait à en percer le secret, à en déchiffrer les hiéroglyphes, à en démonter la logique. Pour dépasser ses propres limites, le capital est contraint d’élargir sans cesse le cercle de ses rotations. Faisant marchandise de tout, il dévore l’espace et endiable le temps.

La crise de la mondialisation capitaliste révèle la tendance triplement destructrice du capital-de la nature, de la société, de l’humain. En réduisant toute richesse à du temps de travail cristallisé, la loi de la valeur prétend quantifier l’inquantifiable et attribuer à toute chose une valeur monétaire, comme si le temps long de l’écologie était réductible aux instantanés des fluctuations boursières. Là où les économistes vulgaires assistent bouche bée au spectacle de la crise, Marx saisit à l’état naissant les contradictions  mortifères d’une société schizophrène où, « l’argent crie son désir », tout comme « le cerf brame sa soif d’eau fraîche ».

La vitalité des études marxistes, sont souvent méconnues en France faute de traduction, démontre la fécondité actuelle de son œuvre. Dès 1993, Derrida mettait cependant en garde contre la tentation de « jouer Marx contre le marxiste afin de neutraliser ou d’assourdir l’impératif politique dans l’exégèse tranquille d’une œuvre classée. » le pire serait en effet d’en faire un auteur académiquement correct ou un vulgaire intellectuel de gauche. Marx est un penseur du conflit et de la lutte. Pour sauver cet esprit subversif de la redoutable « attalisation » qui le menace, est-il besoin de rappeler que la critique du capital a pour corollaire le communisme ?

L’héritage de Marx pose donc la question de savoir si le mot « communisme » a été compromis par son usage étatique et bureaucratique au point d’être devenu imprononçable. Et de déterminer surtout de quoi-utopie critique, mouvement d’émancipation, hypothèse stratégique-le communisme peut être aujourd’hui le nom.

 

* Membre du NPA, professeur de philosophie à Paris-VIII Vincennes.

 

 

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B
Que ces discours sont éloignés des réalités et des vrais problèmes des prolétaires !!!!Tout comme d'ailleurs l'étaient ceux de Marx, qui comme bien des piliers de cette idéologie grotesque, n'a jamais vraiment travaillé de sa vie.
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