Quand les nanotechnologies font débat, l'Humanité s'en mêle
« °Les nanotechnologies, un enjeu de société° ». Tel est le thème du prochain Forum de l’Humanité, qui aura lieu à Grenoble le 20 novembre, avec la participation de chercheurs en laboratoire, d’universitaires, de syndicalistes, d’élus locaux, mais aussi de dirigeants d’entreprises positionnées sur ce créneau d’activité en plein développement. Le nanomètre équivaut à un millionième de millimètre. « °C’est environ 500 000 fois plus fin que l’épaisseur du trait de stylo à bille, 30 000 fois plus fin que l’épaisseur d’un cheveu et 100 fois plus petit que la molécule d’ADN.° », explique Alain Obadia (PCF), dans un rapport qu’il a remis récemment au Conseil économique et social (CES), invitant à avancer sur la voie d’une maîtrise citoyenne de ces nouvelles technologies.
Les applications de celles-ci sont en effet très larges, de l’industrie pharmaceutique à la cosmétique. Elles peuvent aussi « °converger° » avec d’autres domaines, comme les technologies de l’information et de la communication, suscitant alors des inquiétudes légitimes du point de vue des droits de l’individu.
La logique même de miniaturisation des procédés de surveillance, sans aller jusqu’à l’échelle nano, crée les conditions de dérives dangereuses pour la démocratie.
Grenoble n’a pas été choisie par hasard pour l’organisation de la rencontre du 20 novembre. Les enjeux locaux sont énormes, avec, entre autres, le pôle d’innovation et d’expertise Minatec. Celui-ci vise, à terme, la création de 4000 emplois et cherche à développer des partenariats industriels utilisant les micro et nanotechnologies.
Selon quels critères° ? « °Le Minatec est avant tout un lieu de recherche, même si des pressions peuvent effectivement s’exercer, avec des considérations financières. », précise le physicien Vincent Comparat, membre du Collectif sur les enjeux des nanotechnologies à Grenoble (CENG), qui participera au Forum de l’Humanité. Le pôle de compétitivité Minalogic s’adosse déjà aux activités du Minatec dans sa recherche de nouvelles applications des micro et nanotechnologies pour le compte de grands groupes.
En pleine crise « °systémique° » du capitalisme, des entreprises comme ST Micro ou Thalès semblent voir dans ce domaine un eldorado. A quel prix pour les citoyens° ?
La population de l’agglomération grenobloise s’inquiète particulièrement des conséquences de certains projets « °urbanistiques° », comme le réaménagement du « °polygone scientifique° », une « °presqu’île° » sur l’Isère dédiée à la recherche. L’enjeu serait de pouvoir y concentrer les filières universitaires jugées les plus utiles aux industries de pointe, avec le risque que les sciences humaines et sociales soient instrumentalisées ou tout simplement délaissées.
Laurent Etre
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