Tarifs EDF : +9% pour un demi-million de foyers

Publié le par COLLECTIF ANTILIBÉRAL du PAYS de PORT-LOUIS

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Mercredi 4 août, le Gouvernement annonçait pour le 15 août une augmentation des tarifs EDF de l'ordre de +3% pour les particuliers. Il s'avère aujourd'hui que l'addition pourra être franchement plus salée selon le type d'abonnement souscrit. L'an dernier, 1.5 million de clients avaient déjà vu leur facture augmenter de plus de 15%.


Videz le porte-monnaie ou éteignez les lumières ! EDF s’apprête à pratiquer le 15 août la plus forte hausse de ses tarifs depuis son entrée en Bourse en 2010. Comptez +3% à la maison (1.5% si l’on déduit l’inflation), +4% pour les artisans et professions libérales, +4.5% pour les PME-PMI et +5% pour les grandes entreprises. En moyenne.

 

Le groupe, société anonyme désormais, et ses actionnaires ont le sourire aux lèvres. Si l’on en croit John Honoré, analyste à la Société Générale, cette augmentation des tarifs réglementés devrait provoquer un bond de 950 millions d'euros du bénéfice brut d'exploitation (Ebitda) d'EDF sur les 12 mois à venir. C’est « une énorme surprise positive », abondent les analystes de Bank of America Merrill Lynch. Aussi, 15h50, alors que le CAC40 est stable à +0.12% de variation, l’action EDF affiche la plus forte hausse du jour : +4.98%.

 

On se réjouit moins du côté des consommateurs. « Cumulé à la hausse importante des tarifs du gaz (+15% cette année, ndlr), ça commence à faire vraiment beaucoup pour les ménages », a réagi Caroline Keller, de l'UFC Que Choisir. « C'est une très mauvaise nouvelle à un moment où il y a une crise aiguë du pouvoir d'achat », a renchéri Thierry Saniez, délégué général de la CLCV.

 

Selon le gouvernement, cette nouvelle hausse tarifaire se justifie par les importants investissements que doit consentir EDF afin de rénover son parc de production ou de développer les énergies renouvelables. EDF va investir 8 milliards d'euros en 2010 dans ses centrales et son réseau électriques, une somme en hausse de 15% par rapport à 2009, souligne ainsi le ministère de l'Energie.

 

Le gouvernement communique surtout sur le caractère « différencié » de la hausse de ces tarifs, celle-ci étant pensée pour favoriser les « comportements vertueux ». Concrètement, les ménages qui consomment beaucoup d'électricité (abonnement supérieur à 18kVA) seront à l'avenir obligés de souscrire un abonnement de type heure creuse/heure pleine ou Tempo. Il s'agit d'inciter les ménages à consommer moins lors des pics de la demande (en particulier le soir en hiver), pendant lesquels la France doit importer de l'électricité ou la produire à partir d'énergies polluantes (charbon, fioul). Si on en croit le ministère, « sauf exception marginale, aucune option tarifaire ne conduit à une revalorisation hors de proportion avec la revalorisation moyenne». Mieux, « la grille tarifaire doit permettre à ceux qui ont un comportement vertueux de gagner de l'argent ». Enfin, afin de lutter contre la précarité énergétique, le gouvernement annonce qu'il va augmenter de 10% l'aide proposée aux ménages les plus en difficultés dans le cadre du « tarif de première nécessité ».

 

Pourtant, Latribune.fr relève que pour certains foyers, la hausse atteindra même +9%. Une information que le Ministère de l'énergie refuse de commenter : « Nous attendons l'avis de la Commission de régulation de l'énergie », a déclaré une porte-parole, un avis purement consultatif attendu autour du 15 août. Selon le site du quotidien économique, le prix de l'abonnement « Heures creuses/heures pleines » baissera de 25% à 90,96 euros pour une puissance inférieure à neuf kilovoltampères (kVA), tandis que le prix du kilowatt-heure augmentera de 7,3%. Mais pour l'option « Tempo » (prix modulé selon l'heure et le jour), le coût de l'abonnement augmentera de 3%, tout comme celui du kilowatt-heure. Pire, pour l'option « Base » (tarif unique), le prix de l'abonnement augmentera de 4,4% à 8,4% et celui de l'énergie de 1,5% à 1,8% pour les consommateurs dont l'installation électrique a une puissance inférieure à six kVA. Pour les puissances plus fortes (jusqu'à 36 kVA), le prix de l'énergie est stable et le prix de l'abonnement baisse de 0,3% à 16,2%. Enfin, les tarifs de l'électricité vont augmenter de neuf pour cent pour les 500.000 ménages ayant souscrit un abonnement « effacement jour de pointe ».

 

Cette augmentation « ne dit pas son ‘nome’ », dixit François Brottes, député PS. Elle est « destinée à anticiper les effets du projet de loi portant nouvelle organisation du marché de l'électricité (NOME) ». Les analystes de la Bank of America l’affirment aussi spontanément : cette hausse des tarifs « montre que le gouvernement comprend que la conséquence de la loi Nome est une hausse des prix de l'électricité ». Or, « la loi NOME n'entrera pas en vigueur avant octobre ou novembre prochain, soit bien après cette nouvelle hausse de l'été 2010, ce qui permettra de réduire artificiellement l'impact de la réforme législative sur les tarifs de l'électricité », explique le député PS de l’Isère. « Malgré cet artifice, le gouvernement aura du mal à masquer longtemps les conséquences de ses choix politiques », ajoute-t-il. Il s’agit en effet d’un choix tout à fait politique, idéologique, dans la parfaite lignée du libéralisme et de la concurrence libre et parfaite prônée par les eurocrates.

 

L'UFC Que Choisir a raison de redouter une « flambée des prix » après l'adoption de cette loi NOME, en seconde lecture au Parlement en septembre. Celle-ci va obliger EDF à céder, à prix coûtant, jusqu'à un quart de la production d'électricité de son parc nucléaire à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie, etc...). Selon des hypothèses de travail de la Commission de régulation de l'Energie (CRE), cette loi pourrait provoquer une hausse des tarifs de 11,4% puis de 3,5% par an, soit jusqu'à 25% d'ici à 2015 !

 

Le ministère de l'Energie assure pour sa part que la loi « ne traite pas de la question du niveau des tarifs réglementés » et n'a donc « aucune incidence sur le mouvement tarifaire ». Cependant, l’actif du Gouvernement a de quoi encourager à la méfiance voire à la lutte. Le contrat de service public signé le 24 octobre 2005 entre EDF et l'Etat prévoyait que « l'évolution des tarifs de vente de l'électricité aux particuliers » ne serait « pas supérieure au taux de l'inflation » jusqu'en 2010. Or depuis lors, les tarifs ont augmenté de 10% et l'inflation de 7,5%.

Mickaël Guiho (L'Humanité)

 

 

 

Publié dans Économie

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